Le travail autonome au Québec : profil de 6 villes

Qui sont les travailleurs autonomes du Québec? Le recensement canadien de 2016 permet de dresser une silhouette démographique de ces travailleurs œuvrant à l’extérieur du lien formel de salarié. Si 4 627 790 Québécois déclarent un revenu d’emploi, 4 296 380 déclarent un salaire contre 626 875 déclarant un revenu autonome. Si on se permet de se fier à la simple soustraction, 295 465 Québécois complémentent leur salaire d’un revenu autonome. 

En revanche, les revenus d’emploi de 331 410 Québécois proviennent uniquement de leur travail autonome.

La vaste majorité des travailleurs autonomes résident à Montréal. Leurs pairs se trouvent dans des nombres considérables à Québec, Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières et Saguenay. Dans ces six villes, jusqu’à 230 000 résidents déclarent un revenu autonome comme unique source de revenu d’emploi; ils ne profiteraient ainsi d’aucun des bénéfices associés à un lien d’emploi formel.

Nos qualificatifs varient : nous sommes tour à tour travailleur autonome ou à notre compte, solopreneur ou entrepreneur indépendant — à la fois incorporé ou non. Freelance ou gig worker, aussi. Si nos situations fiscales et financières peuvent varier, une chose demeure certaine : nous ne sommes pas protégés par les lois provinciales et fédérales du travail dont profitent les salariés. Nous ne pouvons pas compter sur les protections publiques, qu’elles soient monétaires ou non monétaires. Oui, nous profiterons d’une rente de retraite publique — à laquelle nous contribuons d’ailleurs comme employeur ET employé. Nous profitons aussi du régime d’assurance parentale, si nous pouvons réduire notre activité de 40%

Comme le note Arthurs dans Fairness at Work: Federal Labour Standards for the 21st Century, pour certains, les retombées sont individuelles : « ils n’auront pas le droit de réclamer de congés statutaires (...) de vacances et d’autres avantages; ils n’ont aucun recours légal dans le cas où leur salaire n’est pas payé; et aucun recours en cas de congédiement injuste » (page 63). Comme le souligne Éducaloi, nous sommes éligibles à une protection personnelle de la CNESST… mais dans les faits, c’est compliqué et le prix des assurances privées est résolument restrictif. 

En outre, les effets sont de plus en plus ressentis au niveau systémique. À mesure que les employeurs transfèrent des responsabilités de travailleurs salariés à des entrepreneurs temporaires, les industries sont déstabilisées. Les conditions de travail non réglementées des travailleurs indépendants — longues heures de travail, absence de couverture d’assurance adéquate et faibles niveaux de rémunération — peuvent faire baisser les normes de travail de tout un lieu de travail, avec des effets d’entraînement sur les ménages, les communautés et éventuellement les services sociaux et le système de soins de santé (Arthurs, p.63-64).

Les protections sociales sont une préoccupation croissante, autant pour les travailleurs indépendants que la main-d’œuvre de plus en plus transitoire dans son ensemble... sans compter les travailleurs de l'économie collaborative.

Quelle solution proposeriez-vous pour le Québec?

Consultez le mémoire soumis au Groupe de travail en économie collaborative (texte pdf)

Consultez les données brutes, extraites du recensement canadien de 2015 (GSheet)